Les premiers pas de Macron et d’Édouard Philippe montrent bien la
contradiction du gouvernement et du projet du nouveau président :
l’objectif d’un combat sans merci contre les salariéEs... qui pourrait
bien se terminer par un échec complet.
Le soir du premier
tour de la présidentielle, Philippe Poutou avait traumatisé les
journalistes sur le plateau en disant que Macron avait « récupéré tous les tocards de la politique ».
Force est de constater que ce n’était pas excessif ! Édouard Philippe,
le Premier ministre, est un ancien d’Areva, passé dans les hautes
sphères des Républicains, un traître en puissance qui n’a pas voté les
lois sur l’égalité entre femmes et hommes en 2014 et le Mariage pour
tous... donnant vie en tant qu’écrivain à un personnage de roman
ultra-macho.
Aux droitiers du PS (comme Collomb, Le Drian,
Ferrand et Castaner) s’ajoutent les membres du Modem (Bayrou, de Sarnez,
Goulard) et du PRG, sans envergure, ainsi que les arrivistes de LR.
Les
ministres issus de la « société civile » donnent un aperçu de la
politique à venir. Le ministre de l’Éducation nationale, Blanquer, est
ancien directeur d’une école de commerce et ancien directeur général de
l’enseignement scolaire sous Sarkozy. Pénicaud, la ministre du Travail, a
été dans les directions de Danone, Dassault, Orange et à la SNCF.
Marlène Schiappa, secrétaire d’État aux droits des femmes, a écrit un
livre culpabilisant et moquant les femmes « rondes ». Enfin, la palme
revient à Hulot qui, ces dernières années, aura refusé d’être de tous
les gouvernements... sauf de celui qui apparaît comme le plus éloigné de
la défense de l’environnement !
Un gouvernement de combat...
L’objectif d’un tel gouvernement ne peut être que d’attaquer sans répit les moyens de vivre, les droits des classes populaires.
Au
premier plan, il y a la volonté d’attaquer encore plus le Code du
travail. Pour cela, il souhaite casser plus encore la hiérarchie des
normes, étendre les référendum (y compris à l’initiative des patrons)
pour faire valider par les salariéEs des accords refusés par une
majorité d’organisation syndicales, plafonner les indemnités
prud’homales en cas de licenciement abusif, fusionner les institutions
représentatives du personnel...
Puis il y a la casse de la Sécu,
Macron souhaitant supprimer les cotisations salariales, et des
retraites. L’objectif, ce sont la retraite à point et la fin des régimes
spéciaux, l’alignement vers le bas dans un régime unique public/privé.
Dans l’éducation, le gouvernement prétend vouloir diminuer le nombre
d’élèves par classe en CP et CE1... tout en réduisant le nombre de
fonctionnaires de 120 000 ! Le résultat sera une gestion de la pénurie
qui passera par une inégalité accrue entre les enseignantEs et entre les
élèves.
Toutes ces attaques sont programmées pour passer très
vite, Macron ayant prévu de gouverner par ordonnances, c’est-à-dire sans
décision de l’Assemblée nationale.
... déjà instable
Mais
ces mesures ne seront pas si faciles à faire accepter. Les
mobilisations à GM&S, à la Seita de Riom, chez Tati, les
manifestations prévues par le Front social le 19 juin et par certains
secteurs de la CGT le 22 juin montrent qu’il n’y a pas d’état de grâce
pour ce gouvernement.
La direction de la CFDT a prévu, comme elle
nous y a habitueś ces dernières années, de soutenir le gouvernement.
Aussi reçues par Macron, et même si elles sont pour l’instant dans une
illusoire démarche de « dialogue social », on sent bien que les
directions de la CGT, de la FSU ou de l’Unef sont déjà contraintes
d’exprimer leur défiance.
Macron possède une partie des
caractéristiques du « bonapartisme » : alors que les partis classiques
de la classe dominante sont en crise profonde, un individu est sorti
d’un chapeau par la bourgeoisie et tente de se situer au-dessus d’eux.
Les institutions de la 5e République sont taillées pour lui donner un pouvoir exorbitant en quelques semaines, cela étant renforcé par l’état d’urgence.
Mais
le gouvernement est en équilibre fragile : la majorité parlementaire
n’est pas acquise, le soutien au programme de Macron est très
minoritaire dans la population, le FN risque de peser de la pire façon
dans les débat politiques, les « tocards » du Conseil des ministres
multiplieront inévitablement les bourdes dans les prochains mois... et
touTEs celles et ceux qui se sont opposés au gouvernement Hollande
exprimeront tôt ou tard leur rejet de la politique de Macron.
La mobilisation unitaire est un devoir
La
politique gouvernementale ne peut qu’aggraver la situation sociale de
millions de personnes, accroître les politiques antisociales. Le poids
actuel du FN nous met devant une alternative redoutable : soit le
mouvement ouvrier sera capable de construire la riposte, soit l’extrême
droite raflera les effets de la colère.
Nous n’avons pas d’autre
choix que de construire les mobilisations contre ce gouvernement, le
plus fortement et le plus vite possible. En veillant à ce que les
mobilisations se construisent de façon large, majoritaire, car ce
gouvernement n’hésitera pas à réprimer, encore plus que sous Sarkozy et
Hollande. Notre rôle est donc de construire, de s’appuyer sur tout ce
qui existe, pour œuvrer à une contre-offensive générale, unitaire, du
mouvement ouvrier. L’histoire nous l’a appris, ce type d’unité ne peut
exister que si les révolutionnaires mettent tout leur poids dans la
bataille pour vaincre la passivité et les sectarismes. Malgré la période
des législatives (et même en utilisant ces échéances dans les endroits
où nous présentons des candidatEs), il faut multiplier les
interpellations, les réunions unitaires, pour provoquer une mobilisation
dès la sortie des élections législatives.
Antoine Larrache
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